L'article du mois

Chaque mois, j’écris un article sur tel ou tel sujet. (Avec, une fois n’est pas coutume, un clin d’œil à Antoine A., mon plus fidèle lecteur!)

JUIN 2025

LA LIBERTE D ETRE SOI

Vaste sujet…. Quand je parle d’accès à leur liberté, via le massage tantrique, aux personnes qui viennent me voir, les yeux s’écarquillent.  Avec parfois un petit rire, gêné. Oooh, la liberté….

On en a peint, de tous temps, des tableaux, sur ce thème, écrit des livres, fait des conférences. Le sujet est passé à la moulinette de toutes les stratégies, il est instrumentalisé, brandi. Chanté. Il est décrypté, disséqué, voire présenté comme une évidence qui serait intégrée par tout le monde. Universelle. Elle est sur tous les drapeaux qui se battent pour un monde meilleur. Elle est partout….

Pour autant, à quel moment l’a-t-on expérimentée soi-même ? Non par des lectures, des approches mentales, mais dans notre corps ? Jamais. Ou quasi… Parce que ce dernier, on l’a toujours approché, en grande partie, via les autres. Par leurs regards, leurs compliments ou critiques, leurs prises de position, leurs gestes plus ou moins stéréotypés. Par les journaux pour superposer à l’image que nous renvoie la glace celle d’une photo sur papier glacé, en imaginant que c’est nous. Par le recours à la salle de sport pour ressembler à un idéal. Par l’inscription dans un amour ou une relation de circonstance, connectée à seul but de nous renvoyer une image de nous… Quand pose-t-on le décor, le mouvement ? Quand arrête-t-on de courir pour se questionner sur notre propre liberté à être dans notre corps? Quand fait-on attention, dans l’émotion et le ressenti, à soi ? Rien qu’à soi ?

Jamais. Ou quasi. Un clou chasse l’autre, une idée se superpose à une autre, nous n’arrêtons jamais. Peut-être, justement, pour ne pas nous questionner sur le fond. Sur nous. Le temps est difficile à poser, le silence est brouhaha, et le mouvement est tellement plus simple que l’immobilisme.

Toute la question est donc de comment aller vers soi ? Dans la paix, l’amour de soi, l’acceptation pleine et entière de qui l’on est. Dans le lien aussi…

Et dans quelle liberté s’inscrire ? Liberté d’être ou liberté d’agir ? Qu’importe… D’abord en considérant que ce n’est pas un défi inatteignable, ce n’est pas un Annapurna auquel se confronter, car elle est juste là, devant nous, attendant qu’on la connecte. Mais pas à la façon d’un tout-ou-rien exclusif, d’un renversement de paradigme, d’un abandon définitif de ce qui nous a construit. A la façon d’un essai, à transformer ou non.

Connecter une liberté dans le respect de soi, pour commencer. Celle qui prend en compte notre histoire, nos triggers, nos retenues, celle qui fait attention. Parce que nous ne sommes jamais un terrain vierge sur lequel la Liberté, à commencer par la nôtre, peut planter son drapeau de façon inconditionnelle. Nous ne pouvons pas abandonner en rase campagne, du jour au lendemain, ce qui nous a structuré. Même si la liberté est ce petit ruisseau où l’on peut s’abreuver, jour après jour,  pour, peu à peu, changer notre Monde.

Cette liberté, celle dans laquelle j’invite tel ou telle à s’inscrire par le massage, est d’abord cette ouverture que l’on s’accorde pour ressentir. Les choses, les sensations, les mémoires, le plaisir, la douceur, le lien à soi, en remplaçant les lectures externes de soi, par des sensations internes. Dans l’ouverture, en se posant simplement. En laissant de côté les (auto)-jugements, les pensées limitantes.  Et surtout, cette pensée qui voudrait qu’il faut absolument faire qqch. Donc, première étape, la laisser de côté, en osant ne rien faire, en osant ne pas se mettre en situation de renvoyer un message, ne pas s’obliger à répondre à quoi ou qui que ce soit. En ne suivant rien d’autre que ses propres ressentis, dans le silence de l’instant. Le voyage vers soi peut alors commencer, en se laissant glisser dans ce geste qui accompagne, la respiration qui scande et connecte, dans l’écoute de ses cellules, de cette main qui se déplace tellement, tellement lentement à la surface de sa peau. Mouvement quasi immobile, mais intense.

C’est une invitation à une forme rare de massage que j’expose ici,  que je n’hésite pas à qualifier d’assez unique. Je ne sais pas comment la qualifier autrement. C’est pour moi une forme de graal du massage. Le mouvement, le temps, tout s’arrête, parce que l’espace bascule dans la méditation pure. Mais je ne peux le pratiquer qu’avec des personnes qui viennent me voir sans attente particulière, dans l’écoute de ce qu’elles sont. Et ce n’est pas facile. C’est même très rare.  La vie nous a conditionné à nous inscrire dans le faire, et débrancher cette prise n’est pas simple. Pour autant, cette forme de massage n’est pas exclusive des autres. Elle en est simplement une des branches.

Mais elle est rare, parce qu’elle n’appelle rien. Le mouvement est tellement lent qu’il ne se perçoit qu’au déplacement des crêtes des empreintes digitales sur la peau.  Quasi au niveau cellulaire. Tellement lent, que mes yeux s’ouvrant, ma main me semble exactement au même endroit que 10mn, un quart d’heure auparavant. Tellement lent, que la connexion au corps de la personne massée devient verticale, passant à travers les couches de derme, connectant ce qui est enfoui au plus profond d’elle-même. L’horizontalité disparait. Tellement lent qu’il ne se passe rien en apparence, mais seulement en apparence. Parce que tout le corps du ou de la massée est parcouru de micromouvements. Comme ayant attendu ce moment précis, où, se considérant totalement à son écoute, il peut enfin s’exprimer. Dans une subtilité qu’il ne connecte que rarement.

Ce massage est intrinsèquement méditatif. Je suis, comme la personne devant moi, totalement dans un état de conscience modifiée, et la fin du massage se passe usuellement dans un silence absolu, où chacun cherche ses repères, prenant du temps pour revenir à la réalité. A reconnecter ce qui est autour de lui. A chuchoter au lieu de parler.

Quand j’évoque la liberté, c’est celle-ci que je veux illustrer par ces propos. A laquelle je vous invite. La liberté que l’on peut s’accorder, parfois, de n’absolument rien faire. De se glisser simplement dans sa combe, en connexion, et de se confier à plus grand que soi.

Et cette liberté n’est pas hors de portée. Elle est juste là, à connecter. Elle est même souvent là, elle est simplement en attente de.

Je vous invite à m’appeler pour en discuter. En passant par la page contact de ce site. Et peut-être qu’au terme de cet échange, vous laisserez-vous tenter par ce qui est vraiment une aventure. Mais une aventure à contrario d’un caisson d’isolation sensorielle, à expérimenter et vivre dans le lien.

©-Bruno Deck, masseur tantrique, Matanoma • 2023 • ©Photos Hélène Toulet
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