Le corps n’est pas un traitre

LE CORPS N'EST PAS UN TRAITRE, BIEN AU CONTRAIRE

TOUT EST PARTI D'UNE AFFIRMATION: LE CORPS, CE TRAITRE!

Marc Dugain, sur Inter, le 29/11, chez Rebecca Manzoni. « Le corps, c’est juste un traitre. Il nous amène des satisfactions et des plaisirs ; mais c’est lui qui vient à bout de notre esprit. Après, on peut espérer que l’esprit reste, une fois que le corps a fait sa funeste besogne… »

Etrange vision pour moi. « Le corps, juste un traitre » … Je suis masseur. Et j’entends ça qq heures après un massage, qui s’est déroulé sur plus de deux heures. En totale connexion et écoute de ce corps, par la personne que je masse, pour elle si parlant. Qui suggère, qui bloque, qui spasme, qui respire, qui libère, qui vibre, qui exprime ce qui relève d’un quasi indicible. Ce qu’on n’arrive pas à se dire à soi. Avec des émotions qui montent, des larmes qui s’épanchent, des abandons dans le mouvement. Des yeux fermés parce que ce qui se passe est en dedans, tout au fond de soi, à fleur d’âme.

Avec, ici, dans le cas présent, des douleurs encapsulées dans le ventre depuis des mois, ventre comme batterie d’accumulation de tensions : Elles ont disparu à la fin du massage. Et ce, dans un presque silence du mouvement, silence pourtant si habité…  Dès lors qu’on l’écoute, le corps n’est pas un traitre.

LA DIMENSION VIBRATOIRE DU MASSAGE

Le massage s’adresse au corps plutôt que l’esprit, parce qu’il agit dans la résonnance, et non la « raisonnance ». Adjectif substantifié pour l’occasion. Le massage tantrique est à la vibration ce que l’homéopathie est à l’allopathie. Une micro-vibration douce et profonde, au niveau, pourquoi ne pas l’envisager comme ça, de la cellule. Notre corps est à la fois corpusculaire (atomes), et vibratoire. Et cette dimension vibratoire, usuellement inversement proportionnelle à la masse, est ici à considérer avec le mouvement. Quand on raréfie ce mouvement, on exacerbe la dimension vibratoire. Le massage devenant voyage méditatif, tellement, tellement agissant dans la guérison de l’âme. Et cette âme bondit parfois dans le corps, ouvrant des portes, libérant des retenues… Aplanissant des montagnes, pour se frayer un chemin dans ce qui parfois, de prime abord, pouvait apparaitre jungle. Non, le corps n’est pas un traitre : il contacte, il connecte, il informe.

Je repense à Alex Guex, croisé il y a quelques jours, qui avait proposé un stage BMC (Body Mind Centering) sur l’embryologie. Il y a des années. Qui m’avait été raconté, je n’y étais pas inscrit. Mais même par un regard intermédiaire, il m’a marqué de manière profonde. J’en ai reparlé avec lui, et lui ai dit que cette image du creux accueillant, de la main en conque, de l’endomètre qui se fait combe pour accueillir l’œuf, de ce mouvement qu’on retrouve aussi en haptonomie de la main qui invite, m’avait totalement marqué. La main pendant le massage est cette main qui invite. Dans laquelle ‘soi’ peut se poser.

CE LANGAGE SI PRECIEUX DU CORPS

Le langage du corps, dès lors qu’on lui laisse l’espace nécessaire, s’exprime dans toutes les langues de l’humanité. Même celles totalement oubliées que probablement quelques doux entêtés persistent encore à ramener dans l’intelligibilité. Ce qui est intelligible, et ce qui ne l’est pas, ou plus, ou pas encore, mais quand même prégnant et inscriptible dans la conscience.

Alors non, le corps n’est pas ce traître qui se dégrade et trahit. Il est ce compagnon qui fait chemin, en dialogue avec ce qui nous entoure, ce qui nous baigne. Dès lors qu’on accepte le principe de ce dialogue… parce que le corps est ce capteur tellement plus inscrit dans la subtilité et la connexion que l’esprit….

Notre relation au Monde passe avant tout et définitivement par le corps. Désolé de vous contredire, Marc, le corps n’est pas un traitre…

©-Bruno Deck, masseur tantrique, Matanoma • 2023 • ©Photos Hélène Toulet
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