LA LIBERTE D'ETRE SOI

C'EST UN VASTE SUJET

Quand je parle à certaines personnes d’accès à leur liberté, via le massage tantrique, les yeux s’écarquillent. Parfois un petit rire, gêné, s’échappe. Oooh, la liberté…

On en a peint, écrit, chanté, disséqué, des idées sur la question… On en a fait des conférences, des livres, des stratégies, des drapeaux pour un monde meilleur. Elle est partout. Mais quand l’a-t-on vraiment vécue, expérimentée dans le corps, et non seulement dans l’esprit ou dans les idées ? Rarement. Parce que ce corps, nous l’avons approché surtout à travers le regard des autres, leurs compliments ou critiques, leurs gestes plus ou moins stéréotypés. Par les journaux, en superposant à l’image que nous renvoie la glace celle d’une photo sur papier glacé, en imaginant que c’est nous. Par le recours à la salle de sport pour correspondre à un idéal. Par l’inscription dans un amour ou une relation choisie pour refléter une image de nous-mêmes. Quand posons-nous le décor, le mouvement ? Quand prenons-nous le temps de nous interroger sur notre liberté d’être dans notre corps, dans l’émotion et le ressenti, rien qu’à soi ?

Jamais. Ou presque jamais. Un clou chasse l’autre, une idée se superpose à une autre, nous n’arrêtons jamais. Peut-être justement pour ne pas nous questionner sur le fond, sur nous-mêmes. Le temps est difficile à poser, le silence devient brouhaha, et le mouvement paraît tellement plus simple que l’immobilité.

Alors, toute la question est : comment aller vers soi ? Dans la paix, dans l’amour de soi, dans l’acceptation pleine et entière de ce que nous sommes. Dans le lien aussi… Et dans quelle liberté s’inscrire ? Liberté d’être ou liberté d’agir ? Peu importe… D’abord considérer que ce n’est pas un défi inatteignable, ce n’est pas un Annapurna auquel se confronter. Elle est juste là, devant nous, attendant d’être connectée. Mais pas à la manière d’un tout-ou-rien, d’un renversement de paradigme, d’un abandon complet de ce qui nous a construit. À la manière d’un essai, à transformer ou non.

Connecter une liberté dans le respect de soi, pour commencer. Celle qui prend en compte notre histoire, nos déclencheurs, nos retenues, celle qui fait attention. Parce que nous ne sommes jamais un terrain vierge sur lequel planter le drapeau de la Liberté, à commencer par la nôtre, de façon inconditionnelle. Nous ne pouvons pas abandonner en rase campagne, du jour au lendemain, ce qui nous a structuré. Même si la liberté est ce petit ruisseau où l’on peut s’abreuver, jour après jour, pour, peu à peu, changer notre monde.

Cette liberté, celle dans laquelle j’invite chacun·e à s’inscrire par le massage, commence par l’ouverture à ressentir. Les choses, les sensations, les mémoires, le plaisir, la douceur, le lien à soi, en remplaçant les lectures externes de soi par des expériences internes. Dans l’ouverture, en se posant simplement. En laissant de côté les jugements, les pensées limitantes. Et surtout, cette injonction qui voudrait qu’il faille absolument faire quelque chose. La première étape : la laisser de côté. Oser ne rien faire, ne pas se mettre en situation de renvoyer un message, ne pas s’obliger à répondre à quoi ou qui que ce soit. Suivre uniquement ses propres ressentis, dans le silence de l’instant. Le voyage vers soi peut alors commencer, en se laissant glisser dans le geste qui accompagne, la respiration qui scande et relie, dans l’écoute des cellules, dans la main qui se déplace lentement à la surface de la peau. Mouvement quasi immobile, mais intense.

C’est une invitation à une forme rare de massage que je qualifie, pour moi, d’assez unique. Je ne sais pas comment la qualifier autrement. Pour moi, c’est une forme de graal du massage. Le mouvement, le temps, tout s’arrête, parce que l’espace bascule dans la méditation pure. Mais je ne peux le pratiquer qu’avec des personnes qui viennent sans attente particulière, dans l’écoute de ce qu’elles sont. Et ce n’est pas simple. C’est même très rare. La vie nous a conditionné à nous inscrire dans le faire, et débrancher cette prise n’est pas simple. Pour autant, cette forme de massage n’est pas exclusive des autres. Elle en est simplement une branche.

Elle est rare, parce qu’elle n’appelle rien. Le mouvement est tellement lent qu’il ne se perçoit qu’au déplacement des crêtes des empreintes digitales sur la peau. Quasi au niveau cellulaire. Tellement lent que mes yeux s’ouvrant, ma main semble exactement au même endroit que dix minutes, un quart d’heure auparavant. Tellement lent que la connexion au corps de la personne massée devient verticale, traversant toutes les couches du derme, connectant ce qui est enfoui au plus profond. L’horizontalité disparaît. Tellement lent qu’il ne se passe rien en apparence, mais seulement en apparence. Parce que tout le corps du ou de la massée est parcouru de micromouvements, comme ayant attendu ce moment précis où, totalement écouté, il peut enfin s’exprimer dans une subtilité qu’il ne connecte que rarement.

Ce massage est intrinsèquement méditatif. Je suis, comme la personne devant moi, totalement dans un état de conscience modifiée. La fin du massage se vit habituellement dans un silence absolu, où chacun·e reprend ses repères, prenant le temps de revenir à la réalité, de reconnecter à ce qui l’entoure, de chuchoter plutôt que de parler.

Quand j’évoque la liberté, c’est celle-ci que je veux illustrer par ces propos. Celle que l’on peut s’accorder, parfois, de n’absolument rien faire. De se glisser simplement dans sa combe, en connexion, et de se confier à plus grand que soi.

Et cette liberté n’est pas hors de portée. Elle est juste là, à connecter. Elle est souvent là, elle est simplement en attente.

Je vous invite à m’appeler pour en discuter, via la page contact de ce site. Et peut-être qu’au terme de cet échange, vous laisserez-vous tenter par ce qui est vraiment une aventure, mais une aventure à contrario d’un caisson d’isolation sensorielle, à expérimenter et vivre dans le lien.

©-Bruno Deck, masseur tantrique, Matanoma • 2023 • ©Photos Hélène Toulet
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