Premier trio
Premier trio de textes
Textes déjà parus pour certains sur ma page FB. Associés trois à trois. Trios, entrechats… Rien à voir avec le massage, ou tout, c’est selon.
Aujourd’hui, premier trio … Duo de danse et digression.
Ci-dessous, moi d’un côté, Idir de l’autre / Idir, croisé dans un stage de tantra, qui, entre deux structures, s’est mis à danser… avec lui-même. Moment magique. Et un autre texte, plutot ballet de flocons sur un écran: premier trio, donc.
(Photo Michel Cavalca, « Ballet Duo », de William Forsythe)
1: Nostalgie
… de ce temps où l’on pouvait marcher dans les rues, le soir.
Et je suis parti marcher dans les rues à cette heure désertes. Presque désertes. Et esquisser un pas ou deux. De danse, sur ma musique intérieure, toujours prête à l’emploi. Toujours sur le bon tempo, toujours la bonne tonalité qui se cale sur mes pas, magiquement.
Jamais le moindre décalage, parfois comme un appel, à l’aide, à l’inspiration, mais jamais très long. Ça s’enclenche, je pose le saphir et tout s’envole ! Je parcours les rues, je cours les ruelles, je hante les venelles, je pars voir ailleurs.
Un regard parfois étonné quand je croise quelqu’un/une, regard qui m’évite et fixe autre chose, une idée, un détail sur une façade, une décrépitude sur laquelle il ferait bon, soudain, de s’interroger. Et parfois, le regard bascule vers moi et sourit. Un sourire éclairant, éclairé qui me transporte. M’emporte pour quelques pas de plus, plus loin, là où la vie est encore plus riante et belle et radieuse.
Alors je continue, je règle la fréquence de ma tête sur un air de jazz, et glisse dans les rues, tempo lent, je patine dans les rues qui m’accueillent, à grandes envolées calmes et tranquilles. J’effleure les murs du bout des doigts, passe mes mains sur les rides avenantes des troncs. Ils me parlent muettement en braille, leurs feuilles doucement agitées par le vent. Et les trottoirs sont une partition douce où exulter. Paris ce soir est calme et froid, et les rares piétons sont autant de notes mobiles que l’inspiration déplace sur la partition, que l’expiration égrène sur la paume, les faisant rouler de ci de là, vers où penche la nuit.
Paris cette nuit est calme et froid, et ses rues frissonnent de plaisir…
2: Idir
Troisième du premier trio: Flocons en guise de neige
Qui descendent sur l’écran, mes yeux, je ne sais pas. Il est tard. Glissade sémantique, glissement de sens qui s’agitent et font illusion. Emotions…
Mots jaillissants du clavier qui, de ses touches, claque dans le silence de la nuit. Cette nuit. Plus de miaulement, des mots qui se frôlent, se chuchotent des choses. Et d’autres, post massage, post élévation, de l’âme, des âmes, des âmes et des corps…. Décor. Des mots qui portent, colportent, et des fautes de frappe qui surgissent et fléchissent. Infléchissent. La trame, la font tressaillir, la détrament. Rupture de rythme, la vérité s’invite, elle retend ses mailles de ses paumes, bien à plat, comme d’autres leurs filets, de ses psaumes appâts pour prendre Dieu sait quoi… Dieu le sait, et à défaut d’une existence, lui prêter l’intention n’est pas injure.
Qu’il vienne me la chuchoter à l’oreille. Comme un oracle la susurrerait dans un moment d’extase, de transe. Libre à moi alors de le croire, de le concevoir. De prêter vie à ces mots, ses mots, vie aux émotions qui se frayent un passage à travers les mailles, comme transgressant celles-ci… Emotion du corps, tamis de mémoire, sublimant ce fantôme de soi qui ne prend soudain plus la peine de paraitre éteint, ayant gagné sa liberté d’apparaître, dans la lumière, dans son souffle… Furtivité de l’instant, au gré de ses illusions, de ses rêves intacts, de la vie qui s’invite… Illusions délaissées, émotions gagnées, touchées du doigt, sublimées par ce toucher quasi immobile….
Le massage parfois tient du miracle.