Sa liberté

Sa liberté... en liberté

Quand on évoque ce mot, on pense bras levé, drapeau en main, marche dans un défilé. A hurler ‘Liberté’. Pour soi, pour les autres, comme une revendication à poser de façon forte, en opposition à un système identifié comme ayant pouvoir sur soi…

Mais est-ce bien là que ça commence ? Dans l’opposition ? Et non la construction de son propre rapport à la liberté ?

La nuance est d’importance. Parce que d’un côté, on pousse hors de soi sa revendication. Et de l’autre, on s’invite, dans sa sphère personnelle et intime, à se questionner sur son propre rapport à sa liberté. Son expression, compris artistique, sa capacité à jouir de son corps, à goûter sa relation avec la nature autour de soi, sa liberté à poser ses mots comme autant de jalons qui définissent un espace… son espace.

Et tout commence là

Comment revendiquer une liberté d’individu sociétal, quand, dans notre sphère intime, on ne la contacte pas ?

Une fois qu’on a posé ça, c’est vite vertigineux. Car rien ne nous a conduit à nous inscrire dans cette énergie. On a beaucoup composé, on s’est inscrit dans des constructions consensuelles, on s’est glissé dans des failles de raisonnement, on s’est asservi à plus expressif que soi. Mais on s’est peu écouté, comme intégrant l’idée que notre positionnement dans le second plan est plus légitime. Quand le premier a déjà été laissé de côté. Parce que ce premier n’est que le siège de qui parle plus fort, raisonne plus vite, de qui s’est inscrit dans une certitude qu’on n’arrive pas, nous, de notre côté, à contacter.  

On erre dans cette vie sur des chemins qui souvent ne sont pas les nôtres. On les trouve parfois agréables, parfois compliqués, on les emprunte avec vaillance, mais voilà, ce ne sont pas les nôtres.

Un poisson

Comment faire en sorte d’éclairer ces derniers ? Peut-être en se dépouillant de nos gangues. Celles-ci sont des prêts à penser pratiques, on ne va pas au-delà de ce qu’elles nous montrent. Mais justement, au-delà, que se passe-t-il ?

Je vous invite à regarder la photo qui illustre cet article. Ce petit poisson croisé en Méditerranée. Je ne sais même pas comment il s’appelle. Mais justement, sans savoir son nom, je ne le définis pas. Ne l’enferme dans aucun classement. Il est juste là, dans sa robe bleu-gris.

Il n’est pas contraint par quoi que ce soit, présent à cet endroit-là juste, peut-être, du fait de la température de la mer, de son intuition, sa connexion au soleil, et surtout du fait tout un tas de paramètres que je n’identifie pas. Je ne peux que constater qu’il est là. Hier, lui ou un de ses congénères m’a accompagné quelques dizaines de mètres, nageant strictement parallèlement à moi. Ni plus lentement, ni plus vite. Il était là, dans sa stricte liberté d’être là.

Se poser

Quand contacte-t-on pareille liberté ? A se poser, se déposer, à agiter simplement ses palmes, ses nageoires, à respirer via ses branchies ou dans son tuba ? A laisser l’eau glisser, nous envelopper, nous bercer du mouvement des vagues ? Se sentir revenir à la Source, sans se retourner, en se laissant aspirer par plus grand que soi. Ce qui nous guide déjà au quotidien mais que nous ne voyons pas ? Que nous ne connectons pas.  Respirer dans une dimension plus grande, se laisser inspirer par la Vie et non par des diktats que nous créons nous-mêmes en bonne partie. Oublier l’actualité, les tensions, les démarches anxiogènes, l’espace d’un instant, pour, tous sens aux aguets, goûter ce qui nous entoure. Connecter qui l’on est, se perdre dans une multitude de ressentis qui constituent notre première reliance à la Vie. Mais s’y perdre avec envie, bonheur, jouissance. Sans se juger, sans mutiler le temps, sans retenir son geste.

S’inscrire dans son ressentir.

Le massage est terre de liberté. Je vous invite, à lire ses mots, à imaginer débarquer sur ses rives. Tirant votre canoé au sec, prenant le temps de vous poser sur le sable, et le moment venu, vous lever et partir à la recherche de votre écho dans le végétal formant fond de scène. Vous immerger dans ce végétal, danser vos ombres dans les rayons du soleil, poser vos pas dans des traces anciennes semblant déposées là à votre intention. Ou en inventer d’autres. Votre liberté est là qui vous inspire, lumineuse et claire.

Et sa petite musique tintinnabule à vos oreilles…  Profitez…

©-Bruno Deck, masseur tantrique, Matanoma • 2023 • ©Photos Hélène Toulet
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