Nom de l’auteur/autrice :Bruno Deck

Salle de formation massage - site Bruno DECK

Recits de Formation massage

19 janvier 2023 / NUIT D’AVANT STAGE DE FORMATION MASSAGE TANTRIQUE Nuit d’avant stage. Je rêve. Le stage commence, il est écrit, bien sûr. Un stage, c’est un scénario, une aventure partagée, une narration en marche. Mais quelque-chose s’invite qui n’était pas explicitement écrit. Une entité féminine, qui s’insère dans les structures, qui les colonise et qui les encode. Moi, en tant qu’organisateur, je la regarde un peu fasciné, qui vient apporter de la douceur partout. Une certaine forme d’ancrage dans la connexion, du liant. Non qu’il n’y en avait pas, mais cette trace qu’elle imprime dans ce récit, elle est claire, elle est liquide, elle est belle. Elle place l’échange dans un espace à part. Je me retrouve à sourire devant ce récit soudain mi-masculin mi-féminin. Comme un coin de bois tout doux qui se serait glissé pour arrondir certains angles, adoucir au maximum. Générer partout du lien et de l’ancrage là où il était possible d’en mettre encore plus. Je me retrouve à sourire parce que cette fée, cette part féminine, cela fait longtemps qu’elle m’accompagne, qu’elle s’invite dans ma vie. Régulièrement. Je sais qu’elle est là. Et la savoir aujourd’hui présente, comme une fée tutélaire, dans cette nuit d’avant-stage, me dit simplement que celui-ci est accompagné. Que l’équilibre s’y installe. Et que chacun et chacune pourra y découvrir, en quiétude, alignement et joie, l’essence même de ce massage qu’il me tient tant à cœur d’enseigner. La danse du massage peut s’inviter dans ce petit cocon tout doux, chauffé au feu de bois, qui tient de la yourte mongole, du ventre du voilier, du refuge de haute-montagne. Huit participants arrivent cet après-midi, le lieu est prêt, et je suis heureux de savoir certaine fée avec nous pour nous accompagner durant ce stage. 20 janvier 2023 / LE JOUR DU COMMETTAGE Méditation à la bougie. Pour poser, ancrer. Chacun.e est arrivé.e hier soir, qui de sa neige, qui de son lointain (mais limitrophe) pays, qui de sa fatigue, qui de son questionnement, posé, là, au milieu du groupe. Le lien a tout de suite tissé sa toile, et commencé à faire œuvre entre tous et toutes. La Suisse, la Pologne, l’Inde, l’Allemagne, la France, la Belgique, autant de diversités représentées dans ce tout petit groupe. Le lien a tissé sa toile, et m’est venue cette image de la corderie Royale de Rochefort, technique de commettage en œuvre pour réaliser ce toron constitué des énergies alignées et entrelacées de chacun. Pour donner sens à ces trois jours. Méditation à la bougie Méditation à la bougie, donc, pour poser l’énergie, l’ancrer dans la terre, faire que le tohu bohu du vent extérieur n’ait prise, que cette pièce qui nous abrite soit réellement celle de l’Arche. A réinventer la vie dans ce qu’elle a de plus précieux : le lien. Le massage n’est jamais anodin en soi, il participe de ce lien sacré qui nous relie tous et toutes. Mais que nous activons si rarement. Il est par essence œuvre de construction, de paix, il est brique douce constitutive de notre relation à nous-même et aux autres. Aujourd’hui, cette énergie d’ancrage connectée dans la méditation, donne le ‘la’ pour le journée, pour aller tout doucement vers soi et vers l’autre. Le geste va s’inventer en chacun, dans la bonne tonalité, celle de l’instant, pour aller de la plus belle façon possible vers cet autre à qui on n’a rien à prouver. Le seul impératif étant d’être, et de voir. Pas n’importe comment : au sens du « je te vois » remis en lumière par Avatar récemment. Je te vois… Et son pendant : Je me vois. Quelles plus belles phrases que celles-ci ? Je reste admiratif de la vie qui a permis la constitution de ce groupe si cohérent, si homogène, pour ces trois jours. La Terre continue sa rotation mais ici, le temps est suspendu. Le stage commence dans une belle lumière…. 20 janvier 2023 / FORMATION MASSAGE TANTRIQUE FIN DU JOUR 1. AU DELA DU SOLEIL COUCHANT Apprentissage de la lenteur. La lenteur est une invitation à, l’esquisse d’un creux qui accueille, une combe dessinée dans un espace où se lover. Speranza. La création d’un espace des possibles où se révèle le subtil, l’indicible, où se développe l’écoute. Ce qui ne se dit pas, ne se révèle pas dans le mouvement, n’apparait pas spontanément à la lumière. Le masseur est comme ce plongeur qui se laisse couler, inerte, devant le trou où se love le poulpe, pour inviter celui-ci à venir à lui. Il est ce plongeur du Cap qui noue ce lien aussi fort que fragile avec cette pieuvre dans ce documentaire extraordinaire d’Arte : la sagesse de la Pieuvre. A non l’apprivoiser, mais à se faire accepter. A faire partie de son monde, son paysage, et permettre à celle-ci d’amorcer ce mouvement de venir vers lui. Dans le silence bruyant de la mer, il créée cette bulle de calme. Dans l’ondulation lente de ses palmes et le rythme contenu de son détendeur. Et cette ondulation répond au propre mouvement de l’animal qui épouse le courant de l’eau qui l’accueille. Quatre corps massés devant moi. Ils sont quatre, massés devant moi. Alanguis, posés, tranquilles, non livrés, mais offerts aux mains de leurs masseuses et masseurs. Le temps est comme eux, déposé, la musique douce, le feu complice dans le poêle. Dehors, la nuit a pris ses quartiers, ici, la lumière est tendre, elle irradie. La lumière des bougies, bien sûr, stabilisées sur leur banc de pierre. Mais une lumière autre aussi, celle du cœur, de la confiance. La lumière claire et chaude de la vulnérabilité quand celle-ci s’expose. Quand celle-ci sort de ses remparts, ses protections, quand elle peut s’inscrire à découvert. Les mains parcourent les dos, les bras, s’arrêtent sur les articulations, le sacrum est lieu de rencontre, des énergies. Les masseurs et masseuses ondulent, leur geste est lent et posé. Leurs appuis fermes, leurs déplacements rares et mesurés. Ils épousent la musique interne qui jaillit de chacun

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Quand le massage tantrique se fait porte vers l'Univers

Second trio de textes

COMME UN ENVOL DE NÉNUPHARS LIRE SUR FACEBOOK L’eau L’eau, le mouvement languide de l’eau. Liquide en équilibre, la coupe est pleine. Ou pas. Sur le point de déborder. Ou pas. Nul ne sait où nous en sommes. A commencer par nous-même. A godiller à la force des poignets à la poupe de notre navire. Poussant notre avantage à la limite de notre énergie, énergie volatile, énergie susceptible de nous glisser des mains dans l’instant…. Mais quel avantage ? Il suffirait de se laisser aller à la surface même de cette eau. Suspendu.e entre ciel au-dessus, et terre en dessous, loin. A la merci d’un renversement de situation. D’un cul par-dessus tête salvateur, qui nous ferait voir l’eau solide. Qui nous ferait voir la terre et le ciel confondus dans un même fleuve clair. En perte de repères, car la rive est loin, nous sommes en visite dans des confins où léviter sans fin…. Peut-être en perte de tout, pour mieux partir vers des ailleurs inconnus, à la recherche de notre vacuité. De notre vulnérabilité si précieuse, de notre ouverture. En étoile de mer sur l’eau, nous ne fixons à cet instant que le firmament au-dessus de nous. Offert.e.s au soleil, qui nous materne de ses rayons doux comme un miel de lavande. Origine Le massage est en cours et nous ne pouvons situer ni son origine, ni sa longitude ou sa latitude. Ni la musique qui le berce. Ou encore moins la nature de ces mains qui parcourent notre corps comme un kayak lent manœuvré par un Inuit dans le pack de glace. A trouver le passage idéal, à s’inscrire dans la bonne mesure, à se fondre dans un iceberg haut et profond. Cet iceberg qui, il y a quelques minutes encore, nous barrait la route. Et qui maintenant se fait loukoum. Les arêtes s’aplanissent, les écueils sont éconduits à la porte. Et la fine poudre qui marquait encore la trace de notre passage tout à l’heure, s’est dissoute, aspirée là-haut. Dans la lumière jaune et aveuglante de ce soleil enveloppant. Impossible de revenir en arrière, mais n’est-ce pas le sens de ce chemin précieux qui nous emmène hors de nous-mêmes ? Pour mieux nous faire revenir, vers nous-mêmes, par une boucle sensible, inscrite dans les étoiles ? Quand le massage tantrique se fait porte ouverte vers l’Univers…. LA DANSE DE L’ACCUEIL LIRE SUR FACEBOOK Corps devant soi Corps devant soi, au creux des draps. Il est calme, tranquille, ce matin, cette nuit. Comme un paysage mouvant, parfois vallée, montagne et talweg, parfois plaine étirée jusqu’à l’horizon. Plaine ponctuellement creusée ou plantée de reliefs. Dessinant au fil de sa narration des rives abruptes plongeant dans le lit sensible des rivières. Des envolées infinies s’y perdent dans la brume des altitudes. A l’aborder, on prend le risque de se perdre, de le perdre. De passer à côté. On prend le risque de s’en retrouver à la frontière, parce que guidé là pour nous montrer la sortie. Parce que non bienvenu.e. L’aborder relève d’un voyage qui se mérite. Voyage dans un temps qui s’écoule avec sa temporalité propre, temps qui ne s’égrène jamais de façon identique. Si on l’aborde de façon rapide, à escalader ses flancs en grandes envolées rugissantes, toutes en équilibres précaires… en se raccrochant aux branches, on peut, ou pas, se retrouver rapidement sanglé.e à la tyrolienne de redescente. Tandis que s’entend, derrière soi, un soupir de contentement saluant ce départ rapide. S’il est abordé de façon plus sensible, avec respect et écoute, la découverte et l’accueil prennent une autre couleur. Et le paysage change. Apparaissent alors des chemins à la vue initialement masqués. Des replats suspendus au-dessus du vide, d’où l’on peut gagner des promontoires. De là, d’un seul regard, on peut embrasser une vue où se conscientise le miracle d’être là. Dans le cadre d’un consentement par essence fragile. Redescendre et écouter. Se promener émerveillé.e sur cette peau si sensible. Saluer et honorer chaque parcelle de ce territoire immense. Souvent inexploré, souvent laissé dans une ombre qui tient de l’abandon, de l’inconscience du miracle. Se dessinent alors ponctuellement des sentes invisibles, comme de paysage de toundra, où le blanc de la neige se juxtapose à celui du brouillard, transformant tout sentier en chemin de connexion. Nul GPS dans cette pérégrination qui s’inscrit dans l’errance sensible. Car cette sensibilité seule donne les clés de ce voyage en terre émotionnelle, qui fait s’éloigner des côtes, la certitude absolue de pouvoir se repérer sous la voûte infinie des étoiles amies. Amies comme elles pouvaient l’être pour ces peuples marins tahitiens au long de leurs pérégrinations sans fin sur l’océan. Parfois, au long de ce corps, on est gagné.e par l’inquiétude, et on aimerait savoir où l’on va. Orienter volontairement ses pas sur le chemin d’un savoir-faire, chemin maintes fois parcouru. Au point que la peau y peut être moins sensible parce que le toucher est ici attendu. Et que s’y déclenche ce compte à rebours tellement connu, tellement pavlovien de cet enchaînement de sensations que n’émaille plus aucune surprise. Alors qu’il faudrait gagner les rives de lâcher-prise. Et les jours de particulière anxiété, on se fantasme audacieux-se, on aimerait se lancer dans une impro inspirée… mais en conservant dans l’œil de la lunette, l’objectif à atteindre, toujours dans l’obsession du « faire ». Même si l’on sait que l’objectif tue l’impro par le chemin qu’il suggère, et la temporalité qu’il, finalement, impose. De la même façon qu’on ne peut créer les conditions du lâcher prise comme acte volontaire, on ne peut glisser dans l’improvisation sensible si les lumières clignotantes de la piste d’envol balisent ne serait-ce qu’un possible chemin. La pénombre Il faut accepter de partir dans la pénombre, entre chien et loup. Quand les seules lumières sur le chemin ne sont que de possibles lucioles éclairant une combe douce. Le passage comme à gué d’une articulation. Un col qui se dessine là-haut, où, momentanément, s’esquisse la tentation de s’alanguir. Parfois disparait, dans l’ombre, ce à quoi on s’attendait

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Masser, accompagner, respirer.

MASSER Stage de formation massage organisé récemment. Tout petit groupe. Idéal pour poser, oser, échanger, questionner, tester. Expliquer l’univers du massage tantrique et désamorcer tout de suite les présupposés, les idées toutes faites, les « on-dit », « on raconte que », les « j’ai entendu que ». Les « c’est compliqué ». Parler, en toute confiance. Expliquer la forme et le fond. Parler de soi, de son rapport à soi, explorer le pourquoi de cette volonté d’apprentissage. Connecter d’entrée de jeu l’exigence de sécurité, parler du cadre, passer du temps sur le consentement. Parler de la résonance obligatoire du massage avec sa vie propre, ce qui vient interagir, ce qui résonne, ce qui appelle. Reparler encore et encore du cadre comme pierre d’angle intangible. Parler de l’accueil, de la bienveillance, parler de cet espace de confiance et d’amour qu’est celui du massage. Sentir, ressentir ce qu’est la lenteur, l’ultra-lenteur comme vecteur de résonance, d’écoute de soi, d’accès à l’autre. Comme masseur/masseuse et massé.e. Regarder ce que renvoie cette main qui se meut sans intention, sans attente, sans projection. Écouter ce calme infini qui en découle, regarder ces portes initialement soigneusement closes qui s’entrouvrent, et toute cette lumière, derrière. Permettant à la vulnérabilité de s’inviter. Être conscient de l’immense responsabilité que confère la présence de cette personne sous ces mains, qui accorde sa confiance. Qui accepte de poser, d’exposer son corps sans pour autant le hérisser de barrières. Parce qu’elle sent que là, précisément, elle peut le faire. Parce que l’instant, et par-dessus tout, le cadre, l’y autorise. Regarder ce que génère en soi cette confiance accordée. ACCOMPAGNER Questionner ses positions de massage, ce qu’elles engendrent de douleurs ou d’apaisement, comment les gérer, les anticiper lors des déplacements, pour que la personne massée reste dans son voyage intérieur. Rester attentif à la permanence du contact. Observer le rapport à son corps, à la performance pavlovienne, à l’exigence. Regarder sa propre projection sur l’accueil potentiel de l’autre, ses craintes, son jugement, son désir de bien faire. Regarder ses saboteurs. Observer ses gestes, pour qu’à aucun moment ils ne soient vecteurs de questionnement ou d’inquiétude, qui déclencheraient un gyrophare d’alerte dans l’esprit de la personne. Regarder et encore observer. Et questionner le cadre encore et encore. Sa solidité, son ancrage, où l’on est, soi, dans ce massage. Questionner son lâchez prise, sa non intentionnalité, observer son ego à l’œuvre qui nous murmure à l’oreille. Observer son désarroi quand on ne sait quoi faire, au début, parce qu’on repart dans le mental. Revenir encore et encore au corps qui sait, à la main qui sait. Connecter l’abstraction. Revenir à l’essentiel qui est ce contact main à corps, cœur à corps, cœur à cœur. Regarder les idées toutes faites qu’il faut combattre, accueillir les déconstructions en marche, les peurs qui s’envolent. Rester vigilant, tout le temps, être conscient que rien n’est anodin dans ce massage, dans cette connexion. Qu’il est œuvre particulière, de soi vers l’autre, de soi vers soi, de l’autre vers l’autre. RESPIRER Se mettre à l’écoute, de sa vie, de sa dynamique, de son corps. Se mettre à l’écoute de soi. Et lâcher prise, curseurs ancrés dans la sécurité, le cadre, pour regarder, étonné, admiratif, la danse de la vie à l’œuvre, l’intuition qui se met en place, le jeu qui s’invite, calme, enjoué, gai. Quand l’intentionnalité s’évapore, les verrous se déverrouillent, l’âme s’envole et quand le corps danse. Quand la spiritualité s’invite, que les émotions montent, les barrages se lézardent, quand cet immense questionnement intérieur se met à jour. Quand la lumière s’invite en soi, et éclaire ce qui est usuellement, tout au fond, caché. Oser exprimer, oser ouvrir la fenêtre sur ce paysage tout lumineux, devant soi, et librement, gonfler ses poumons et respirer. Masser. Accompagner. Respirer. Qui l’on est nous questionne perpétuellement. On essaie de se mettre en phase avec ce qui nous entoure. De créer une sorte de plateforme commune qui nous inclurait dans le concert du monde…. Mais à ce faire, on se heurte à notre propre timidité, état qui nous invite à, ou nous impose de nous protéger. En nous excluant de ce contact potentiellement trop osmotique qui nous fait peur. A défaut de notre intimité, on se retrouve donc dans une forme d’extimité. C’est à dire dans un vécu de cette intimité, travesti par une stratégie de mise en contact. Dans l’espace de cette extimité, on se crée de toutes pièces un personnage, un peu comme Goldorak, construit pour interagir dans un contexte donné. Et on interagit. Souvent en plein leurre de ce que nous sommes. S’imaginant, gourou, maitr.e.sse à penser, leader de je ne sais quoi, aligné.e sur ce que l’on professe, s’imaginant fort.e, puissant.e, s’imaginant tel.le que l’on aimerait être, allant jusqu’à s’illusionner totalement sur soi. On connait tou.te.s des personnes comme ça. Mais on n’est que face au reflet déformé de ce qu’est l’autre, dans le bric à brac de sa construction. Et non de ce qu’iel est, tout au fond. Parce que dans ce fond, qu’y a-t-il d’autre que cette petite fille ou ce petit garçon apeuré qui tente, via la prise de commande de cet avatar, d’avoir prise sur sa propre vie ? En écrivant ça, je vois comme un défilé devant mes yeux. Et je ne m’exclue pas de ce défilé, à certaines époques de ma vie. Nombre d’hommes et de femmes croisé.e.s, partiellement aveuglé.e.s par la construction qu’ils ont mise en place, parce que, tout simplement, fragiles. N’ayant parfois jamais osé travailler sur eux-mêmes pour sortir de leurs propres illusions et accéder à leur sécurité de connexion. Quand deux enfants se rencontrent et se cooptent dans leur extimité, qu’est-ce, sinon un dialogue de presque dupes, chacun légitimant l’autre dans son illusion ? Alors que faire ? Peut être simplement être conscient que cette personne en face de soi n’est pas totalement dans la compréhension que l’on projette sur elle. Qu’elle tourne un peu autour d’elle même, que notre propre trajet en orbite autour de nous-même n’a

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Redescendre dans le corps

Il y a tant d’oiseaux qui chantent Tata Yoyo, chantait il n’y avait pas si longtemps Mecavolic. Reprenant un vieux tube d’Annie Cordy. Et cette phrase dans la chanson : « … dans ma tête, y a des tas d’oiseaux ». Ça chante, ça se disperse, ça peut même être une vraie symphonie. Et ce qui me frappe ces derniers jours est cette capacité que l’on a de remonter en haut des marches. Pour se plonger dans l’écoute de cette musique avec ravissement. Comme un exutoire, une pause, comme si, quelques instants, on remontait là-haut, dans cette tour de contrôle sonorisée de notre personne. Tour un peu détachée des choses, abritant ces étages rassurants de la pensée, et contacter la partie froide, analytique, de qui nous sommes. Simplement rationnelle. Là où on réfléchit avec la tête et non le corps. Là où finalement tout est parfois assez simple parce qu’on peut décortiquer, mettre en relation, comprendre, trier. Jouer des coudes dans un système de pensées qui parfois, souvent, sert de palliatif à ce monde du corps. Celui-là même des émotions, des ressentis. Mouvement perpétuel de yoyo, à monter, parfois à redescendre, pour trouver l’eau trop froide, les braises trop chaudes, et remonter. Notre corps à l’instar d’un chalutier tractant un filet immense, remontant à la surface tant et tant d’affects qu’on ne sait comment aborder, de sentiments qui encombrent. De courants relationnels à soi-même et aux autres, qui s’entassent, parfois sifflant, dans nos cales. Là-haut Et là-haut, c’est tellement plus aéré, on voit loin et on peut se perdre aussi, dans un tourbillon qui ne laisse jamais en paix, qui nous fait recomposer le monde, notre monde, qui le séquence. On peut ranger, étiqueter, trier, se reposer à écouter ces oiseaux chanter comme dans une parade un peu folle. Occupant l’espace et le temps. Un bon livre, un exercice mental et le tour est joué de la jouissance intellectuelle, encore une fois si reposante par rapport à ce qui émane du corps. Étonnant, cette capacité à échapper. A s’échapper de soi, pour commencer. Ne pas savoir comment aborder les émotions, le regard sur soi. Ne pas écouter ses ressentis, de pas savoir qu’en faire. Ne pas comprendre que telle émotion est d’abord précieuse plutôt que perturbante. Parce qu’elle informe, qu’elle nourrit, qu’elle témoigne de la réalité de ce fil de liaison entre soi et soi. On ne sait parfois quoi en faire, on se fait déborder. On met alors un petit barrage en place. Qui contient, qui stocke, qui engramme et on repart sur le chemin un peu alourdi. Jusqu’à ce qu’un jour, on soit comme ces rivières maintes et maintes fois coupées de barrages successifs, qui ne laissent plus à la fin que passer un filet d’eau. Ce même filet auquel viennent boire les oiseaux. Ça tombe bien, on est trop lourd pour aller plus loin de toute façon, et la seule joie qui nous reste est cette musique qui hante et résonne dans notre cerveau. Mémoires C’est peut-être à ce moment qu’il faut questionner cette masse de mémoires liquides soigneusement contenues derrière autant de merlons, de murs, de barrages en soi. Réfléchir à quel système on pourrait mettre en place, on pourrait bricoler, pour créer comme une fontaine d’écoulement dans un petit jardin japonais. Fontaine de bambou qui, goutte à goutte, dans un quasi silence d’oiseaux, permettrait aux mémoires, aux pensées engrammées, aux questionnements qui tournent en boucle non là-haut, mais dans les émotions du corps, de tout doucement s’écouler. On en est perpétuellement là, dans un jeu de yoyo, à chercher un équilibre entre ciel et terre. Entre pensées et ressentis. Entre intelligence froide et intelligence émotionnelle. Le corps est notre grand mystère. Notre grande inconnue sur cette terre. Il est ce qu’on ne peut paramétrer, ce qu’on ne peut finalement pas voir. Toujours de par ce regard distancié sur soi, qui repasse là-haut avant de redescendre. On cherche perpétuellement le by-pass, la prise pour mettre les doigts dedans afin d’établir un contact énergétique direct. Pas un contact dans la violence du voltage, mais un contact dans la douceur, qui permet l’écoute, qui autorise le ressenti, qui donne accès à ce que l’on est. Qui permet de comprendre comment notre corps, au-delà du filtre de l’intellect, ressent les choses, part à sa rencontre, goûte ses ressentis, jouit de la vie. Sait qui il est. Écouter Il faut peut-être écouter ces oiseaux qui tournent là-haut, non dans leur dimension d’interlude, mais un peu comme la flute traversière de Prokofiev qui avertit de la présence du loup. Le loup n’étant en l’espèce pas dangereux, mais représentant ce qu’on ne connait pas. Et la flute n’avertissant pas, mais attirant notre attention sur notre méconnaissance. Comme si tous nos barrages avaient été équipés de clochettes pour attirer notre attention sur la nécessité de transformer cette méconnaissance en reconnaissance. Les oiseaux comme flutes en forme de clochettes. Et nous en terrains d’expérimentation ouverts, les doigts dans la prise pour être au contact de ce corps si mystérieux dans son approche. On en est perpétuellement là, à se demander via l’intellect, qui nous sommes. On peut passer par la case du divin, du prétendu caractère divin de l’homme, de la femme divine, divinisée, pour mieux prétendre se placer sur l’échiquier de la vie. Mais c’est pour mieux accrocher aux cimaises notre image projetée plutôt que notre corps ressenti, avec son cortège de sensations, son intelligence propre qui nous indique tant de fois le chemin à prendre quand nous partons à l’exact opposé. Ou dans une direction aléatoire soufflé par une intuition défaillante. Ou pire, quand nous restons sur place à nous nourrir de nos illusions, parce que coupés du corps. Ecoutons, non les oiseaux qui tonitruent dans notre tête les jours de grand vent, mais bien cette petite musique de nuit, de jour, de tous les jours qui nous souffle tout bas, au creux du ventre, comme un souffleur de théâtre, la partition de notre vie quand la mémoire ou l’intuition nous fait défaut. Cette

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Nouvel An comme une danse

Le Nouvel An et la danse Le nouvel an vient de reposer le temps. Comme une crêpe que l’on renvoie éternellement en l’air. Espérant qu’à chaque retournement le dessin, la texture, le paysage en sera différent. Et le paysage, d’année en année, évolue effectivement, régresse parfois, ou avance. Souvent. Chaque retournement du temps est une occasion de le requestionner, de se requestionner soi. Cette nuit qui intègre ce moment unique de bascule dans l’année est comme posée sur une crête, avec un avant et un après. Avant, un versant connu gravi au long des 365 jours précédents. Après, un versant inconnu à dévaler dans l’année à venir. De sable, de pierre gravillonneuse, de pente herbeuse, avec, au long du mouvement lancé, des étirements, des roulés-boulés, culbutes, galipettes. Des mouvements qui nous réveillent, nous figent, nous inscrivent dans le silence, dans l’écoute de soi, dans la joie. L’extase parfois. Un ressaut et la vue plonge vers le bas. Fixant simultanément dans le ciel le vol de cet aigle qui nous surplombe en grands cercles concentriques. Extase complice de qui se désarticule pour mieux se rassembler, accueillant sur chaque parcelle de sa peau la vie qui danse. Isadora Duncan parle d’émotions plutôt que de rigueur pour l’apprentissage de la danse. L’axe d’approche est identique pour le massage tantrique. L’émotion, l’accès à l’émotion de soi. Comme un bouquet de fleurs fermées d’avant lever de soleil, que le soleil invite à s’épanouir. Encore et toujours, le massage tantrique. Dans ce massage, on est loin, très loin d’une déclinaison technique de gestes. Parce que pour anti-paraphraser Florence Foresti, qui définit les hommes par l’amour des Porsche, des steaks et des patates, un homme ne se définit pas par son sexe et son orgasme, comme encore vu récemment dans une vidéo sur le massage tantrique. Qui n’abordait d’ailleurs quasi pas les femmes, sacrifiées sur l’autel de l’anti-démonstration. Le massage tantrique est beaucoup plus grand que cette approche réductrice. L’émotion donc. Qui est une des clefs pour aller vers soi-même. Pourquoi l’émotion ? Parce qu’on s’est tou.te.s construit.e.s en vrac, dans le désordre, en prenant rarement la peine de se poser. L’émotion par le biais de l’accès à notre vulnérabilité, connectée dans cet instant si précieux où le temps arrêté permet au regard intérieur de se poser. Non par le biais du mental, mais par celui du corps. L’expérience est à portée de main dès lors que l’on se sent en confiance, avec qqun ou soi-même. Poser le temps, connecter sa vulnérabilité et toucher du doigt l’émotion. Comme dans cette séquence fabuleuse entrevue récemment dans « la sagesse de la pieuvre », où une pieuvre lance un tentacule timide vers le bras du cinéaste pour le contacter. Osons lancer nos tentacules. Massage Aline, je vais l’appeler comme ça, souhaite apprendre le massage tantrique pour trouver ce chemin vers elle-même. Au-delà des barrières et fondrières de toutes sortes qui émaillent son parcours. Elle me parle d’armures, de comportements conditionnés, d’échecs dans ses rencontres. Elle me parle avant tout de défenses très organisées dans son relationnel aux autres. Et de prise de conscience forte dans des stages sur le féminin sacré, quant à la connexion avec telle ou telle partie de son corps. La porte est entrouverte, elle a besoin d’un cadre de sécurité pour aller plus loin et me téléphone. Dans notre échange, j’aborderai le cadre, la sécurité, la découverte de soi dans cet espace laboratoire qu’est l’espace du massage. L’accès à sa propre sécurité, la construction de paradigmes de vie, à tester à blanc et inscrire dans son corps. Dans sa vie. Quand Olivier m’appelle pour un premier contact, parce qu’on lui a parlé de moi, j’aurai une approche identique. Je répondrai bien évidemment à sa question sur un possible orgasme, posée comme crainte, quand il me parle de sa difficulté à se construire dans l’apaisement, lors d’échanges sexuels. Mais je m’attacherai surtout à le rassurer, pour esquisser un espace global de calme, seule possibilité pour poser les conditions d’un aller vers soi. Libido et alignement Si Laure vient le voir avec une libido à l’étale, comme une mer entre deux marées, mon objectif premier n’est pas de réactiver cette libido. Comme on démarrerait une voiture ancienne d’un coup de manivelle. Je m’attacherai avant tout à ramener du calme et de l’apaisement dans ce corps abordé sous l’angle de l’inquiétude. Et sans focaliser sur l’éveil de cette libido, en rétablissant un dialogue au corps dans l’amour et la confiance, le massage permet à cette énergie de remonter à la surface. Cette libido, était absente au moment où elle est venue me voir. Elle s’est réinvitée simplement dans les jours suivants dans le jeu de sa vie. Comme Nathalie, à qui je fais un jour un massage. En difficulté dans sa vie, parce qu’elle n’arrive pas à tomber enceinte par FIV. Corps abordé depuis trop longtemps dans un contexte médical où l’émotion ne trouve pas sa place.  La FIV fonctionnera suite à ce massage, ce dont elle me créditera en partie quelques mois plus tard. Mon seul objectif a été de ramener du calme et de rétablir un dialogue entre elle et son corps. Ouvrant le champ à l’émotion. Tout n’est question que de calme et d’alignement dans les énergies. Alignements des énergies entre elles, et mise en résonnance, à un niveau plus grand que nous. Par moments, quand je lis ou regarde des vidéos sur ce massage, je ne sais même plus s’il me faut qualifier ce que je pratique de tantrique. Tellement le massage tantrique englobe tout et n’importe quoi dans la bouche de tel ou telle. Lâcher prise Mathilde vient me voir parce que son corps a été massacré par le corps médical. Elle ne vient chercher que de l’attention et un moyen de déconnecter ce fil de souffrance. Qui constitue son unique vecteur de dialogue avec son corps. Et dans le massage, s’invite du plaisir à changer de paradigme, dans la confiance et l’abandon du lâcher prise. Je me dis que j’ai été exactement, pour elle,

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Quelques pas de danse

Il n’y a pas deux iris identiques. S’autoriser à aller vers soi… Pas deux empreintes digitales, deux pavillons d’oreilles semblables. Pas deux organes sexuels pareils. Deux histoires, deux familles, deux lignées qui se ressemblent. Nos corps et nos énergies sont différents, uniques. Et il n’y a pas deux massages tantriques qui se déroulent de la même façon… Le massage s’inscrit dans l’instant. Il n’est pas le résultat d’une intention, d’un process. Il s’inscrit, se love, se déroule dans l’énergie de cet instant. Et cette énergie n’est pas portée par le/la masseur-euse ou le/la massé.e, mais bien par quelque chose qui dépasse l’un.e et l’autre. Qui englobe l’un.e et l’autre. Qui résonne. Entre cet un.e et cet/cette autre, mais également avec tout ce que l’un.e et l’autre ont traversé et vécu dans cette vie. Et avant cette vie. Le/la massé.e vient avec tout son background, tout ce qui le ou la constitue. Le/la masseur-euse également. Le champ est large, les combinaisons multiples. Les chemins d’accès à soi en sont définitivement infinis. Oui, s’autoriser à aller vers soi… Elle, et son dialogue avec elle-même… Cette femme vient avec un questionnement sur son corps, sur sa vie. Elle n’est jamais touchée, ou si peu. Son corps est un mystère, un inconnu avec lequel elle compose au quotidien. Plus dans l’interprétation mentale que dans le corps. Corps avec lequel elle dialogue peu. Dont elle a une représentation très distanciée. Elle ne se connaît pas, n’a pas de ressenti particulier. Son corps est un mystère. Une heure à parler autour d’un thé avant le massage n’a permis que de tracer une esquisse de ce relationnel avec elle-même. Au moment de passer dans la salle de massage, lui viennent en flashs tout un tas d’éléments : sa vulnérabilité à exposer via sa nudité (qui n’est en aucun cas un impératif durant le massage, NDLR) ; sa mobilisation active de sa capacité à faire confiance ;  l’acceptation de visite de ses zones d’inconfort, le questionnement de sa capacité à aller vers son corps dans la non intention ; la mise au ban  ponctuelle de ce cadre sociétal dans lequel elle évolue quotidiennement ;  l’invitation à s’écouter, à prendre soin d’elle. Elle qui ne s’écoute jamais. Qui a construit sa vie dans le travail. La marche à franchir est importante et j’en ai une conscience aigüe. Si elle est ici, c’est sur la recommandation d’une amie que j’ai précédemment massée. Cela l’aide à franchir le pas. Ce premier massage s’inscrit dans la méditation, un calme absolu, la connexion à une énergie qui vient de loin. Nous sommes accompagnés Je me sens accompagné et nul doute qu’elle l’est également. Qu’elle est prise par la main pour s’autoriser simplement à être là. On a toutes et tous nos guides, bienveillants, et ils sont là. Les miens comme les siens. Durant ce massage qui s’apparente à un voyage lent, avec un mouvement puissant, elle vient doucement au contact d’elle-même. Comme une embarcation initialement ballotée par les vagues devant la côte, qui stabilise son mouvement avant d’accoster doucement. Certains touchers ne lui évoquent rien, d’autres la bouleversent. Elle bouge peu, ses yeux sont clos ou mi-clos, elle est attentive. Non dans le mental, mais dans le corps. Attentive à mon toucher, aux alternances d’effleurements ou de gestes plus appuyés, attentive au contact, à l’énergie, attentive à l’invitation, parfois, au mouvement. Et cette invitation, elle l’accepte ou non. Selon l’instant. Accepte de partir, de se mouvoir, de répondre.  Ou de se détendre. Brusquement. Comme une corde qui se relâche après avoir été tellement tendue.  Une main sous son ventre, l’autre sur son sacrum la font vibrer. Mains en conques, qui accueillent et se répondent. Une main ailleurs la laisse de glace. En apparence. En questionnement. Cartographie en cours d’élaboration. Elle est en découverte d’elle-même. Je sens sous mes doigts, mes paumes, sa peau qui frémit, son ventre qui se réveille, une contracture musculaire. Infime. Je vois son dos qui se redresse, tous muscles mobilisés, pour mieux retomber, tension accouchée. Ses doigts témoignent d’une tension intérieure passagère. Qu’elle soit de questionnement ou du plaisir à s’écouter. Je vois une main qui cherche la mienne, pour l’étreindre quelques instants. Pour accompagner une émotion, un ressenti, quelque chose qui la saisit. Puis cette main retombe et le voyage lent, brassé par les étoiles, reprend. Pourquoi viser un éveil particulier, ou un état de transcendance ? À la fin de ce premier massage, on sera loin d’une bannière d’arrivée d’étape franchie, on sera en chemin. Simplement sur ce chemin qu’elle a eu l’intuition, le courage, dans lequel elle a eu l’envie, simplement, de se projeter. Comme un pèlerin qui marcherait à la recherche de lui-même. Elle est loin d’un éveil de femme sauvage, d’une féminité transcendable par la grâce d’un seul massage. De quelque chose qui, à ce stade, la dépasse. Elle est simplement, en tout humilité, sur un chemin. Son chemin du cœur, de l’identité, de la connexion, de l’émotion, de sa féminité… Et au terme de ce premier massage, ces quelques pas arrachés à la brume sont  déjà une belle victoire. Toujours et encore s’autoriser à aller vers soi… Autre personne, autre énergie Cette autre qui vient me voir quelques jours plus tard a une énergie autre. Déjà dans le mouvement le massage à peine commencé. Sourire aux lèvres, yeux fermés, tournés vers elle-même. Ce mouvement ne s’arrêtera pas une seconde au long des deux heures et demi de massage. (Chaque massage possède sa propre dynamique, sa propre temporalité. Et il m’est illusoire d’imaginer le brider, le stopper parce que l’heure défile. Certaines graines d’arbres sont conçues pour tomber à l’aplomb des branches, d’autres sont calibrées pour voyager. Parfois loin. Et cette dynamique ne m’appartient pas. Ce massage dure donc deux heures et demi.) Mouvement comme celui d’une skieuse qui, tout en courbes, dévale une pente dans une poudreuse vierge de toute trace. Chaloupé, enlevé, vivant. Enivrant, peut-être. Voilier toutes voiles dehors que sa skippeuse pilote au creux des vagues, coque appuyée sur la masse ascendante de l’eau

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Illustration article curling - site massage tantrique Bruno Deck - tantra-matanoma

Les roses et le curling

Le curling comme métaphore Et si le massage tantrique se situait dans un espace plus grand que celui du sexe, de la crainte, de la peur, du désir ? Dans un espace qu’on ne connait à priori pas et qui n’est pas de projection. Où se passe quelque chose qu’il est difficile d’appréhender parce que son espace d’expression est hors contexte usuellement connu ? Nous nous sommes tou.te.s construi.te.s sur un faisceau d’injonctions de toutes sortes. Notre vie pourrait être représentée par une pierre de curling, lancée sur une piste de glace qui accueillerait notre parcours. Lancement dans une direction qui n’est que celle de notre destin, assez intuitif au début. Notre vie lestée avant son départ, de tout ce bagage transgénérationnel inscrit dans nos cellules. Destin intuitif, donc, et pas tant que ça. Depuis ce point de départ de la naissance, notre vie se déroule sur cette piste représentée par cette surface de glace. Avec quelque part, la cible appelée dans le jeu de curling, la Maison. Celle-ci représente ce dont on doit se rapprocher le plus, mais la surface glacée devant nous est pavée de multiples roses, parfois épineuses.  Plus ou moins épineuses. Et la Maison, lieu de centrage et d’équilibre stable, est rarement atteinte. Du bon usage des pétales de roses dans le curling Ces roses représentent tout ce que nous croisons, percutons, ce par quoi nous sommes baigné.e.s, ou nous sommes meurtri.e.s, dans notre vie. Et elles vont possiblement dévier le chemin de notre pierre lancée sur la glace. Nous venons tou.te.s à priori de la même origine, comme toutes les pierres de curling viennent de la seule île d’Ailsa Craig, en Ecosse. Mais aucun de nos cheminements ne se terminera au même endroit. Car les pétales et épines de roses, potentiellement, nous dévient. Un peu comme une baguette viendrait à petits coups portés à droite et à gauche, orienter plus précisément le pas du cheval équipé d’œillères. J’ai souvent utilisé cette image d’œillère et de cheval pour illustrer notre parcours. Parce que nous n’avons que rarement une prescience éclairée de notre chemin. Celui-ci nous apparait un peu comme l’espace dévoilé par la signalétique des couloirs du métro parisien, qui n’indique qu’à chaque carrefour la direction à prendre, sans que nous n’ayons aucunement conscience du chemin global. Donc les pétales ou les épines de rose infléchissent notre chemin, le dévient légèrement, le freinent parfois. Et nous intégrons tous ces infléchissements comme autant d’informations au fur et à mesure. Certaines sont aisées à comprendre, lisibles. Elles nous montrent une voie possible, elles nous éclairent. Parfois  plus obscures, elles demandent du temps de traitement, on n’y arrive parfois pas tout.e seul.e. Certaines sont clairement impossibles à admettre, accepter, et nous les enfouissons au plus profond de nous-même, tout en construisant notre vie là-dessus. Construisant notre rapport à notre corps. Tout ce qui touche à notre relationnel, notre accès à notre désir, notre capacité d’expression. Mais également notre capacité à nous projeter, à intégrer, à comprendre, à rentrer dans notre silence intérieur. De même que notre capacité à établir une relation apaisée avec nous-même. Et avec autrui. Et pendant cette construction permanente… … la pierre de curling continue son chemin sur la glace, continuellement déviée par ces pétales et épines sur son chemin. Elle a une forte inertie, elle est parfois freinée plus ou moins sérieusement. Mais elle poursuit ce chemin dans une direction sur laquelle elle n’a finalement qu’une prise relative. Notre vie se déroule ainsi jusqu’à ce point où, toute inertie épuisée, la pierre s’arrête. Parfois loin de la Maison. Expliquée comme ça, la vie semble n’être qu’un parcours non pas d’obstacles, mais de résignation à ce qui est. Ce qui est loin d’être le cas. Nombre de solutions nous sont proposées pour prendre du recul sur notre contexte, pour reprendre une main partielle sur notre route. Pour, peut-être, écarter tel pétale ou telle épine devant nous pour, à cet instant, garder notre chemin droit. Ou le ou la bouger pour orienter ce dernier. Reprendre la main par le massage Et j’en viens au massage tantrique. Que se passe-t-il dans ce massage qui pourrait en faire un acteur de votre vie ? Mais l’acteur d’un jeu où vous seriez aux commandes ? Car il s’agit en premier lieu de ça : S’inscrire dans un cadre où vous allez pouvoir partir à la rencontre de vous-même. Hommes et femmes arrivent dans ce massage la première fois avec les mêmes questions, souvent tournant autour de réactions en rapport avec leurs réactions possibles. Ou leur incapacité à réagir. Plein de raison à cela, et notamment ces connexions logiques et pavloviennes qui s’établissent dès lors que l’on parle rapport au corps et à la nudité. Le rapport au corps s’inscrit dans le contexte dans lequel nous avons été élevé : Sociétal, familial, culturel. Dans ceux-ci, il est difficile d’imaginer un rapport à la nudité autre que sexuel. La nudité est rarement un état neutre. Il est contextuel de quelque chose. Il ouvre à la vulnérabilité et enclenche (ou bloque) des réactions. En soi, chez autrui. Réactions d’envies, de montée de désir, d’état de bien-être. Mais aussi réactions de peur, de crainte, d’angoisse, de retenue. Figement. Et ces réactions sont vécues différemment selon que l’on est seul.e dans un cadre sécurisé, et avec autrui. Avec autrui, cette nudité, dès lors qu’elle n’est pas posée dans un cadre de sexualité, nécessite une confiance absolue pour être goûtée par soi de façon apaisée. Les questions et la nudité Imaginer cette nudité que nous ne pratiquons souvent que dans le cadre fermé de notre intimité, vient collapser tout un tas de possibles, pour ne retenir que des séquences inscrites comme dans un dépliant en accordéon.  Il suffit de déplier ce dépliant : ces séquences, selon le contexte en cours, y sont parfaitement explicites, décrites dans leur chronologie. Et les questions perpétuellement posées en début de massage sont toutes autant explicites. Quid si j’ai une érection ? Quid si j’ai un orgasme, une montée de désir ? Si je crie ? D’où viennent

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Communautés unipersonnelles de cœur

Offrez-vous … à vous-même ! Il y a quelques jours, je suis passé au pied d’un panneau de pub pour un projet immobilier : « Offrez-vous la chaîne des Albères ! ». Je passais en vélo, le personnage sur l’affiche avait l’air en extase, bras écartés souriant au soleil, à la montagne. A la vie, à la chance de pouvoir s’offrir ce petit pavillon dans un lotissement en devenir de zone pavillonnaire. Le long de la voie rapide. Pas loin. Alors, je me suis arrêté, l’ai regardé et j’ai changé le slogan, en supprimant mentalement le logo du commanditaire immobilier. « Offrez-vous … à vous-même ! ». De fait, exit la Chaine des Albères, exit la zone pavillonnaire, restent les bras écartés à la vie, et un vrai cri d’enthousiasme pour cette offrande à soi-même. Dans une communauté de cœur dont le personnage sur l’affiche serait le seul membre. Nous invitant tou.te.s à créer nos propres communautés unipersonnelles de cœur. Bras écartés à la vie. En offrande. M’est alors revenue cette méditation d’Osho, Heart Chakras, que j’ai longtemps entendue comme Art Chakras. J’adore cette méditation qui, par le geste alternatif de l’offrande et de la réception, me semble tisser des liens. Comme une navette sur la trame d’un métier à tisser. Navette vers l’avenir, le passé, les présents. Et retour de l’avenir, du passé, avec des présents d’amour plein les bras. Liens d’amour / liens de cœur. Chacun.e devenant le phare de son propre univers, tissant des liens autour d’ellui, vers le passé, l’avenir, ses présents pas toujours coordonnés. Chacun.e, l’un/l’une à côté de l’autre, entremêlant ses mailles, jusqu’à former une trame solide, faite de mille croisements à l’aplomb de mille axes. Chaque axe fondé dans l’espace même où il est en équilibre. Centré. Les liens Il faut dire que cette notion de lien m’obsède depuis le début de l’été. Car quelle communauté de vue entre un lien pâtissier en crêpe ou réglisse, un lien commercial, un lien amoureux ? Ou un lien corps/esprit, un lien de filiation, un lien de shibari ? Pour ne citer que ce qui me vient à l’esprit à cet instant. En effet, quels liens nous élèvent, quels liens nous mettent en contact ? Quels liens nous forcent à passer sous des fourches caudines, quels liens nous stoppent net ? Quelle est cette notion même de lien qui suppose une connexion comme entre deux neurones. Parce que l’axone peut être tout et n’importe quoi… En clair, je me suis demandé pourquoi cette notion de lien englobe ce n’importe quoi. Au point de le banaliser, de le noyer, de le rendre invisible même s’il est constamment opérant. De fait, dans le massage, cette notion de lien est omniprésente. La main tisse au long de la peau une trame de ressentis qui résonnent, qui intriguent, qui éveillent. Qui communiquent entre eux. La force du lien par le geste dépourvu d’intention. Non codé, ne cherchant pas à programmer, n’attendant pas de réponse. Et pourtant, ce process de création de lien est fort. Mais il est fort parce que s’extrayant de l’intention, invitant au simple dialogue entre soi et soi, souvent quasi-inexistant. Le masseur n’est que créateur du contexte, de la scène, de l’extraction de cadre usuel de vie. Et tisserand. Contexte dans lequel les conditions peuvent être réunies pour accepter de sortir de soi afin de revenir vers soi. De façon directe, sans passer par des artefacts, des liens externes, des process de traduction, des avis divers, divergents. Détergents. Prise en compte du lien Peut-on explorer ce lien vers soi autrement que dans le silence ? Cours de Tai Chi cette semaine, mouvement de régulation de la respiration. Où l’attention se porte tant sur le point exact où le talon prend contact avec le sol. Se porte sur le positionnement du pied de façon à ce que l’axe d’appui passe entre orteil et second petit doigt de pied. Où l’attention scanne chaque partie du corps en mouvement, en tension, en appui de façon à ce que tout participe d’un mouvement cohérent et équilibré. Le temps s’arrête. Et à cet instant, rien ne semble plus important que cette concentration. Concentration portée sur chaque partie de notre corps, comme si celui-ci nous était enfin révélé. Et que cette attention portée sur chaque partie de soi, devenait plus forte que le brouhaha incessant des pensées. L’attention crée du lien vers soi. Ascèse Le massage, sans parler d’art martial, rejoint parfois cette ascèse du mouvement, de la pleine conscience du geste qui révèle. Qui créée ce lien sans lequel rien ne revient au jour. Mise en place d’un axone entre l’intérieur de ce corps et cette surface. Vers laquelle remonte ce qui doit, ce qui peut, à cet instant, remonter. Mémoires, souvenirs, acceptation du ressenti, rythme du corps, expression. Ce qui est enfoui peut remonter à la surface. Parfois comme le filament diaphane d’une méduse s’inscrivant dans le pinceau d’une torche, présent et simultanément en passe de disparaitre. Parfois comme ces bombes qui hantent les champs du Nord ou de Normandie. Remontant à la surface de la terre sous l’effet de la force centrifuge. Cueillies calmement par les démineurs au petit matin. Mise en place d’un axone fragile et précieux comme pourrait l’être un fil de pêche invisible, une fibre, une ligne téléphonique que le moindre orage peut déstabiliser ; l’écoute de soi est souvent rangée au rayon des connexions brisées, très haut sur l’étagère, de ces étagères que les vieilles dames ne peuvent atteindre dans les supermarchés. Même si des produits importants y sont rangés. L’écoute de soi est alors souvent confiée à autrui, à l’expertise d’autrui : le sachant, l’expert du moment, quel qu’il ou elle soit, amant.e, mari ou femme, psy, conseiller, sexologue, coiffeur, astrologue, ami.e…. L’avis émis alors faisant office d’avis éclairé, éclairant, permettant de comprendre. On revient à soi par cette boucle externe qui apporte un éclairage subjectif qu’il nous appartient alors de décrypter. Dis-moi comment tu me vois et je me dirai à moi-même qui je

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B15 - meubles à tiroirs - site Bruno DECK - massage tantrique

Tiroirs

Venus de Milo aux tiroirs (Dali) (Commentaires sur œuvres tirés de trajetslitteraires.wordpress.com) LE SITE TRAJETS LITTÉRAIRES « En détournant la Vénus de Milo, et en la transformant en simple objet (meuble à tiroirs), la quête du Beau, qui traversait tout l’art antique, est remplacée par le désir de prospecter les territoires de l’Inconscient, du rêve et du non-dit qui anime les Surréalistes et leur laisse espérer la possibilité de renouveler l’art. Avec les tiroirs, il est désormais possible de regarder l’âme de la Vénus de Milo à travers son corps. Pourtant cette œuvre de DALI ne se contente pas d’inviter à prospecter l’Inconscient : elle explore aussi les mystères de la féminité. L’emplacement des tiroirs n’est en effet pas anodin. Jambe, ventre, seins, tous les lieux de la séduction sont soulignés. Faisant tout à la fois de son Aphrodite l’image emblématique de la beauté idéale. Et un objet de séduction beaucoup plus concret et pulsionnel. Ainsi, le choix de la fourrure qui orne les boutons des tiroirs évoque d’abord les houppettes à poudre de riz. Il dit tout l’art de la séduction qui accompagne la coquetterie féminine. Mais cette fourrure n’est pas sans suggérer également une certaine animalité. Celle-ci assure, en filigrane, l’érotisation du sujet en même temps qu’elle invite à la sexualité. » Girafe en feu (Dali) « Dans cette version plus complexe l’Inconscient est toujours représenté par des tiroirs. Mais leur contenu sombre déséquilibre cette fois dangereusement le personnage. La femme est retenue par de dérisoires échafaudages-béquilles. Ce qui dit assez son incapacité à porter seule le lourd fardeau qui encombre sa psyché. Voici pourquoi DALI a fait vaciller son personnage dans l’espace devenu hostile de la toile.  Il a condamné à la cécité celle qui, ne pouvant se connaître tout à fait, ne peut se reconnaître et reconnaître le monde qui l’entoure. Il la voue à marcher à tâtons à travers le désert de la solitude et d’un monde à jamais étranger. Toute nimbée du bleu froid d’une éternelle nuit. » Cabinet anthropomorphique (Dali) « C’est cette même interrogation qui s’exprime d’une manière non moins troublante. L’homme y est encore chosifié, représenté comme un vieux meuble abandonné dans quelque débarras sombre et voué à la putréfaction. » 3 œuvres, 3 constats …que l’on peut visiter et revisiter à loisir. Les tiroirs comme territoires de l’inconscient, pour débusquer l’âme. Qui contiennent ce qu’on ne connait pas, ce à quoi on n’a pas accès. Tiroirs qui contiennent ce qui encombre et pèse dans la vie de tous les jours. Ces souvenirs qui viennent de l’enfance, de l’apprentissage du rapport au corps, de la façon dont on s’est construit.  Ce qu’on a laissé s’exprimer ou non, ce qui fait peur, ce qui remonte encore plus loin, dans le transgénérationnel. Tout ce qui bloque, ces encodages de tel ou tel comportement, ces enveloppes que l’on n’ouvre pas de peur de. Ces grandes interrogations sur nous-mêmes, notre vie, nos envies, nos inscriptions… Tiroirs et massage Je le vois tous les jours dans ma pratique de masseur. Ces corps comme des meubles de notaires, meubles à tiroirs… qui contiennent en creux tellement de mémoires qui conditionnent nos vies, tellement de clés. Certains d’entre eux sont enfouis tout au fond de nous-mêmes, et, morphologiquement, nous n’y avons pas accès. D’autres ont leurs glissières grippées, nous avons beau tirer dessus, rien ne vient. Certains ont leurs boutons abimés, ou absents, et toute traction devient vaine ou problématique. Parce que le bouton nous reste de fait dans la main, le tiroir fermé gardant son secret. Parfois, leur clé a disparu, jetée comme bébé avec l’eau du bain. D’autres sont gonflés, d’humidité, de larmes et bloquent tout mouvement. Il en est aussi comme des poupées gigognes, tiroirs secrets logés dans d’autres tiroirs secrets. Qu’une clenche masquée à tous à commencer par soi-même suffirait à ouvrir. Dans ces tiroirs, nos clés de vies, nos cartes, nos mémoires, nos codes. Ce qui nous permettrait, exposé au grand jour, de nous connaitre, de nous vivre mieux, plus librement. Le massage tantrique est en particulier et avant tout une pratique d’ouverture. Christelle Christelle me pose la question récurrente de l’accès à sa féminité. Où est-elle ? Elle se vit masculine, elle se vit prototype de femme, non aboutie, sensualité accrochée aux patères. Un accès à son corps problématique, trop de kilos, certaines réactions incompréhensibles, la honte souvent d’être. Une contention intégrée au quotidien parce que rien ne doit déborder. Parce que ce qui s’exprime est sujet à lazzis, à moquerie, à critique. Parce que les regards sur elle sont rarement amènes, amoureux, attentionnés. Et qu’à se battre contre l’autre au quotidien, on en oublie d’être bienveillant avec soi-même. Comment évoluer quand tout est sujet à interrogation ? Que ce soit le regard porté sur son corps, que ce soit le volume qu’occupe celui-ci dans un espace qui est tout sauf d’accueil. Non bienveillant, ce regard de l’autre sur telle ou telle partie de ce corps. Problématique, cette porte que l’on cherche désespérément à ouvrir pour que l’air circule, que l’imagination circule. Que le plaisir à aller vers soi soit éclairé par autre chose que le faisceau étroit d’une lampe de poche. Christelle me demande de l’aider à ouvrir ses tiroirs, non au forceps, mais dans l’invitation, la sécurité, l’accueil. Dans un espace où elle peut prendre le risque de laisser l’air circuler, sans qu’il soit tempête. Sans qu’il soit chargé de sel ou de sable, sans qu’il ne soit baigné de brume. Christelle aurait pu poser une autre question : l’accès à sa liberté d’être et non seulement à cette féminité qui se dérobe. Et qui est devenue majeure dans la narration de sa vie. Où est-elle aujourd’hui ? Dans quel espace ? De sa pulsion intérieure de vie, que laisse-t-elle filtrer à la lumière ? Et que retient-elle, de toute la surface de ses filets, à l’intérieur d’elle-même ? Qui ne demande qu’à déborder ? Julien Julien m’appelle. Il n’a pas loin de 60 ans. Il n’a jamais pu aller vers son corps. Et celui-ci a cheminé sa vie durant sur une trace parallèle à son mental farci de peurs.  Il n’a jamais fait l’amour, ou

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7B14 - Illustration parfois la nuit... site Bruno Deck - Tantra-matanoma

Parfois la nuit…

Quand le sud s’inscrit dans l’ouest…. Je repars dans mon sud. Route commencée tôt dans la journée. Tracée, faite régulièrement, elle n’offre pas de surprise. Le GPS me guide, je devrai arriver dans 8 ou 9 heures au plus tard. Je conduis doucement. Je m’arrête à Poitiers à midi, pour déjeuner. Quand je reprends le volant, je ne sais pas, le temps a comme changé de dimension, et je ne sais pas vraiment où je vais. Et je me trompe de route. Le GPS s’adapte, et la route s’invente au fur et à mesure, dans ce qui devient un dialogue complice. Le temps affiché de mon arrivée augmente sensiblement, sans que je comprenne vraiment comment le réduire. Je ne m’interroge pas, laisse le mouvement se dérouler. Je prends de longs moments de repos sur des aires d’autoroute. Et cette route m’emmène vraiment vers l’ouest. Je me retrouve près de Bordeaux, loin de ma route théorique, je ralentis lors de travaux, m’arrête quand un accident bloque tout. Repars. Quand le soleil bascule vers l’horizon, sur ma droite, le paysage se resserre peu à peu, la vue s’échappe moins sur les côtés, des alignements d’arbres apparaissent, légèrement obliques… Le temps change de vibration. Quand l’heure fatidique du couvre-feu arrive, je sors de l’autoroute et bascule dans la clandestinité de la campagne. Je fais corps avec mon GPS, lui fais confiance pour m’emmener à bon port. Je suis encore à plus de 300kms de chez moi. Droit vers l’Est d’où émergera, peut-être demain, un soleil nouveau. L’éveil à ce qui m’entoure Dès lors, je m’inscris dans un entrelacs de petites routes, bifurcations à angle droit en plein milieu des champs. Quelques villages qui se dessinent, quelques villages que je traverse. J’y suis le seul élément en mouvement entre les murs extérieurs des maisons. La végétation parfois se densifie. La route est étroite, sinueuse. S’adosse à une courbe taillée dans le rocher, épouse le lit d’une rivière. Emporte. La nuit est noire maintenant, la réalité n’apparait plus que dans le pinceau mouvant des phares. Ma réalité à cet instant. La conscience de cette réalité semble à la fois restrictive de ce que je pourrais en voir en plein soleil, et extensive. Car attirant mon attention sur des évènements que je ne verrais pas en plein soleil. Une tête de sanglier apparait à l’extrême droite de mon champ de vision. Il va dans le même sens que moi, me parait immense, chenu. Ce n’est pas un sanglier que je vois, mais un sage qui m’indique un chemin. Un autre traverse la route devant moi, lentement, avant, d’un coup de rein, de se hisser sur le talus. Disparaissant dans les céréales. Deux renards, également, coup sur coup, rapides, effilés, prudents dans les regards qu’ils jettent à droite à gauche. Des touffes de plantes, la ramure d’un arbre qui danse au-dessus de ma tête en passant, comme me caressant, le reflet humide d’un rocher qui semble me renvoyer sur la route d’un geste amical. Plein de petits événements qui se jouent dans cette intimité contenante de la lumière ouvrant une brèche dans la nuit. La nuit s’étire, les virages s’enchainent. Une acuité particulière me fait regarder tout ce que ce voyage met à portée de mon regard, de mon émotion. Je conduis lentement. De plus en plus lentement. La possibilité d’un devenir Puis une longue ligne droite, quelques vignes à gauche, une pente douce protégée par un muret bas sur la droite, donnant sur une rivière en contrebas. Que je ne vois pas. Je ralentis encore, et m’immobilise au milieu de la route. Un temps. Je coupe le moteur, laisse les phares errer au loin. Le silence s’installe. La route devant moi semble infinie. Comme le ciel que je découvre pixellisé d’étoiles quand je sors de la voiture et lève la tête. Une densité d’étoiles telle qu’elle forme couverture, et que je peux presque voir les lignes droites reliant les étoiles des constellations, comme les fils d’une maille contenante. Protectrice. La lumière des phares posée sur la route, la lumière des étoiles au-dessus de ma tête. Un noir de charbon passé sur le reste du paysage, du gras du pouce, laissant apparaitre les contours des arbres, l’échappée des sillons d’un champs vers une lisière lointaine. La possibilité d’un devenir…. L’invitation à l’écoute Un paysage à la mesure de l’instant, immobile et mouvant. Immobile dans cette séquence des phares, voiture posée sur la route, stable. Le pinceau ne bouge pas et éclaire obstinément quelque chose au loin qu’il m’appartient peut-être de voir. Ou non. Qu’il m’appartient peut-être d’identifier. Seulement si c’est l’option à activer à cet instant. Peut-être mon regard doit-il partir en errance sur la terre meuble faiblement éclairée, repérer l’ombre d’un animal qui la traverserait.  Mouvement. Ou l’ombre d’un arbre, quasi ton sur ton. Se détachant à peine. Immobilité. Peut être est-ce cet arbre qui m’attire à cet instant. Ou dois-je prendre conscience du basculement de cette voûte au-dessus de moi, si tranquille, si belle, si contenante.  De ce mouvement ample et infime à la fois, puissant et presque invisible. Basculement de mon monde, ou basculement de la voûte céleste le contenant. Je ne sais à cet instant où est le mouvement, où est l’immobilisme. Je ne suis plus dans le mental, mais à l’écoute de ce qui, autour de moi, communique, de ce qui me baigne. De ce qui éclaire ce destin qui se joue dans cette partition unique de l’instant. Du seul instant. Peut être quelque chose doit-il apparaitre de ce paysage stable et instable à la fois, baigné de cette lumière concave massive et pourtant faible. De ces pinceaux puissants, mais si effilés à la fois qu’ils ne révèlent rien de la globalité qui m’environne. Ou De ces animaux qui traversent mon champ de vision sans que je n’en ai conscience. Fugacement s’inscrivant dans les phares. Tout peut venir de partout, ou rien, et je n’attends rien de ce qui pulse tout autour de moi. L’invitation au massage Le massage tantrique s’inscrit

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